L’approche communautaire en santé : comment en faire une réalité au niveau du district sanitaire ?
Depuis une dizaine d’année, des politiques de développement sanitaire (PDS) ont été mises en place dans de nombreux pays du sud. Elles mettent un accent particulier sur la mise en œuvre de l’approche communautaire. Qu’est-ce que l’on appelle « approche communautaire », comment en faire une réalité sur le terrain, et dans quel but ?
L’approche communautaire en santé peut être définie comme un approche de santé publique au niveau local, impliquant la participation des habitants pour identifier les problèmes auxquels ils sont confrontés et y trouver des solutions, avec l’aide d’animateurs ou de professionnels.
Pour que l’approche communautaire soit effective, il est nécessaire d’apporter à ceux qui doivent la mettre en œuvre (médecins chefs, équipes cadres et personnel des districts sanitaires), une aide pour traduire ce qui est écrit –souvent au niveau central—en activités concrètes et une démarche de mise en œuvre pratique.
La santé publique au niveau local fait en général référence à toutes les activités non curatives des composantes de soins de santé primaire, c’est-à-dire les activités de prévention et d’éducation. Les preuves de l’efficacité de ces activités sont prouvées voir différents articles à ce sujet sur : mettre le lien
La participation des habitants, que l’on appelle « la participation communautaire », fait référence à un groupement social de personne pour répondre à un problème de santé publique.
Selon P. Freire, la participation communautaire est « un processus social dans lequel de personnes ou des groupes de personnes ayant des besoins communs et vivant dans une zone de proximité s’emploient activement à définir ces besoins, décident d’y chercher une réponse et se dotent de mécanismes destinés à les satisfaire. »
L’approche communautaire rejoint donc ainsi l’esprit de la politique administrative de décentralisation et déconcentration territoriale, qui vise à bâtir des collectivités efficaces au service de citoyens responsables, améliorer la gouvernance locale et rapprocher le pouvoir des citoyens.
Le lien entre le système sanitaire « formel » et la communauté se fait grâce à un « agent de santé communautaire » dont les rôles et les responsabilités, variables d’un pays à un autre (voir les documents de politique de santé communautaire du Rwanda, Madagascar, etc). Ces agents de santé ont un rôle central pour coordonner la mise en œuvre d’un paquet minimum d’activités préventives, promotionnelles et curatives au niveau communautaire, dont l’efficacité a été démontrée en termes de résultats obtenus (lien vers REF).
Concrètement, l’implication de la communauté dans les activités préventives et éducatives nécessite un partage géographique de la zone de responsabilité des centres de santé, tels que les aires de santé. L’équipe cadre du district sanitaire doit mettre en place les structures de gestion et coordination communautaire avec leurs termes de référence (voir fiche pratique 2) :
- Un comité de gestion sanitaire du district sanitaire
- Un comité de santé pour chaque aire de santé du district
- Un ou plus, agent de santé communautaire
La coordination et la supervision des activités communautaires doivent se faire à chaque niveau de gestion sanitaire. Au niveau du district, le médecin chef de district supervise les activités des agents chargés de la santé et des affaires sociales au niveau de l’équipe cadre. Ces derniers supervisent, à leur tour, les agents de santé des centres de santé, sont responsables de la supervision des agents de santé communautaire.
L’équipe cadre devra avoir conscience de son rôle et de sa place dans cette nouvelle dynamique qui place l’approche communautaire au cœur de la proximité de soins de qualité.
Il faut constater malheureusement, que les interventions menées au niveau communautaire ne sont pas souvent conduites en suivant un cadre de référence dans la plupart des pays. Elles sont mise en œuvre sous forme d’expérience ou recherche opérationnelle. Les résultats de leurs interventions sont non documentés car le système de suivi et d’évaluation est mal défini. Il est temps de passé à l’échelle.
Fiche Pratique 1 :
Activités à mettre en œuvre dans l’approche communautaire et attributions de l’agent de santé (Lancet 2008)
Promotion de la santé et mobilisation sociale en faveur de la santé :
- Eau, hygiène et assainissement
- Alimentation du nourrisson et jeune enfant, y compris la surveillance de la croissance
- Santé scolaire
- Nutrition et autres mesures de contrôle de santé publique
- Soins dentaires
- Programmes spécifiques : VIH et tuberculose, paludisme, ver de Guinée, trachome, onchocercose (cécité de rivière), schistosomiase
Consultation externe et services avancés (souvent lié à des produits médicaux)
- Planning familial, soin prénatal, soin postnatal
- Programme élargi de vaccination et éradication de la polio
- Interventions spécifiques de nutrition (ex : vit A, fer, iode, zinc, déparasitage)
- Services VIH (activités de prévention, conseil et test volontaire, prévention de la transmission mère et enfant, approvisionnement en antirétroviraux)
- Prévention du paludisme (ex : moustiquaire) et soins en consultation externe
Prise en charge (par des agents formés et nécessitant une infrastructure/clinique, avec un système de référence)
- Soins liés à l’accouchement
- Soins essentiels au nouveau né et soins de base pour les nourrissons prématurés
- Prise en charge des maladies des enfants (diarrhée, pneumonie, paludisme, sepsis néonatal)
- Malnutrition : soin et réhabilitation
- VIH/SIDA et tuberculose
- Paludisme
- Approche syndromique du traitement des Infections Sexuellement Transmissibles
- Prise en charge intégrée de la maladie des adolescents et adultes
- Maladies chroniques (ex : hypertension, diabète)
- Santé mentale
- Soin de l’œil (ex : cataracte et autres)
Activités systèmes de santé
- Gestion et micro planification
- Approvisionnement en médicaments essentiels et logistique
- Monitorage des données, acte de naissance, audits
- Transport et référence
- Financement : Transfert conditionnel de fonds, vouchers pour des soins de santé, et fonds de recouvrement de coût
Fiche Pratique 2 :
Termes de références des ASC : Les rôles des agents communautaires consistent à sensibiliser et à offrir des prestations pour la prise en charge de la communauté bénéficiaire en matière de santé, nutrition et de protection sociale.
Activités des Agents communautaires :
- Offrir une prestation en matière d’IEC/CCC
- Sensibiliser, détecter et dépister des cas simples de pathologie
- Offrir de simples prestation de services (ex : distribution de MID, Vit A ou Albendazole
- Offrir des prestations de service plus spécifiques (ex : injection de dépo provera, prise en charge des IRA, du paludisme et de la diarrhée chez les enfants de moins de 5 ans, réanimation néonatale, etc)
Profil de l’Agent communautaire
- Population résidente (masculin ou féminin) de 18 ans et plus. L’implication des femmes est fortement encouragée
- Disposant d’un niveau scolaire supérieur ou égal à la classe d’un brevet (école primaire)
- Capacité d’effectuer des calculs est souhaitable de même qu’une habilité dans la communication
Mandat des agents communautaires
- La durée du mandat d’exercice des agents communautaire varie selon les besoins de la communauté
- Les procédures de contractualisation sont prescrites dans les textes de règlement intérieur de chaque CoSan, tout en considérant les principes de volontariat et de la gestion axée sur les résultats