Dans ce billet de blog, Bruno Meessen (IMT Anvers et membre du comité organisateur de la conference régionale de Dakar) présente le rapport final de la conférence consacrée à la stratégie du district de santé en Afrique.

Vous pouvez accéder au rapport en cliquant ici.

Du 21 au 23 octobre, environ 20 délégations de pays et 170 experts – des directeurs de district, des directeurs nationaux, des chercheurs, des assistants techniques et des entrepreneurs sociaux – se sont retrouvés à Dakar pour une conférence régionale intitulée « Les districts sanitaires en Afrique :  Progrès et perspectives 25 ans après la déclaration d’Harare ». L’événement était organisé par la Communauté de Pratique « Prestation des Services de Santé » de l’Harmonisation pour la Santé en Afrique, en collaboration avec l’UNICEF, l’OOAS, l’OMS, la plateforme Be-Cause Health, le Ministère de la Santé et de l’Action Sociale du Sénégal et l’Institut de Médecine Tropicale, avec le soutien financier de la Coopération Belge au Développement et le Fond Français Muskoka.

Un événement majeur

La mandat assigné aux participants était clair: il s’agissait de partager expériences et connaissances pour mettre à jour la réflexion sur l’organisation des services de santé au niveau local. L’événement était remarquable à plusieurs égards.

D’une part, la conférence se distinguait par son thème. La stratégie du district sanitaire est la colonne vertébrale des systèmes de santé sur tout le continent africain. Cela est aujourd’hui une telle évidence que le district ne reçoit plus d’attention. A tort. La stratégie est puissante : elle a ‘formaté’ la fourniture des services de santé sur tout le continent, et en zone rurale en particulier. Bien mise en place, elle peut être un composant clé de la réponse aux besoins et demandes des populations. Dans les faits, il y a bien eu des problème dans la mise en œuvre. La stratégie a souvent été convertie en une doctrine. D’un modèle dynamique et flexible, le district est devenu un dogme établissant comment organiser son service public de santé. Beaucoup d’opportunités ont ainsi été manquées. Une mise à jour de la stratégie était nécessaire, étant donné les changements majeurs sociétaux, économiques, épidémiologiques et techniques qui ont cours sur le continent.

Une autre raison qui nous laisse espérer que dans quelques années, la conférence sera considérée comme un événement important est son résultat. Nous vous encourageons bien sûr à lire le rapport pour comprendre pourquoi. Illustrons juste le changement de paradigme en ce qui concerne la vision avec deux exemples.

A Dakar, nous avons partagé la vision que le système de santé va au-delà des structures de santé. Un plus grand rôle devrait et pourrait être joué par les individus, les ménages, les communautés comme co-producteurs de leur propre santé. Dans les décennies à venir, ils seront des ressources-clés pour prévenir et réduire la souffrance, la morbidité et les décès précoces dus aux transitions démographiques et épidémiologiques.

Un autre changement fut la reconnaissance de la réalité de la libéralisation des marchés, y compris de celui de la santé. Cette transformation a été identifiée comme une source tant d’opportunités que de risques. Une priorité pour les autorités sanitaires africaines est de reconnaître que le secteur de la santé est désormais pluraliste et que dans un tel contexte, leur propre responsabilité de steward va bien au-delà de gérer uniquement leurs propres structures de santé.

Etapes suivantes

La nouvelle vision implique un changement substantiel en ce qui concerne l’action au niveau des districts. La stratégie doit être bien plus flexible, inclusive, ouverte au dialogue avec les multiples acteurs, et faciliter l’innovation et l’apprentissage au niveau des organisations.

Il est évident qu’il faudra un certain temps pour adapter les politiques de santé au niveau des pays, mais si on en juge de l’état d’esprit et l’enthousiasme manifeste à Dakar, il semble y avoir un engagement fort des pays et partenaires pour aller de l’avant. La nouvelle vision gagne en force, et nous sommes convaincus que tous ensemble, nous pourrions faire progresser les choses encore plus vite.  Par exemple, il y a trois semaines, des directeurs de santé des pays de la zone CEDEAO ont déjà travaillé sur les résultats de la conférence de Dakar. Il ont formulé des plans d’actions pour avancer sur les 12 priorités identifiées à Dakar. C’est bien notre responsabilité à tous à construire des systèmes de santé locaux plus forts pour tout le continent.

Le rapport

Bien sûr, la conférence de Dakar n’était pas un événement isolé: elle fait partie d’une plus large mobilisation.  L’événement était un nouveau pas dans un processus, qui a déjà été animé par d’autres réunions, en particulier la conférence de Ouagadougou (2008), la réunion de Tunis sur l’Optimisation des Ressources (2012) et bien sûr la conférence de Harare en 1987.

C’est pour cela que le rapport ne répond pas à toutes les questions. Il doit donc être lu en gardant à l’esprit les orientations majeures déjà données par d’autres événements régionaux ou mondiaux. Le focus du rapport est bien consacré aux systèmes locaux de santé et à comment les organiser. Nous pensons que ce composant manquait jusqu’à présent dans les efforts collectifs en faveur de la couverture sanitaire universelle, en dépit de son évidente importance.

Le rapport comprend trois grandes sections: la première donne le contexte de la conférence (y compris un rappel sur la  Déclaration de Harare), le second fournit notre analyse (pourquoi une révision de la stratégie du district sanitaire est nécessaire) et la troisième partie est consacrée aux directions pour l’action. Le rapport se termine par 12 priorités et 3 souhaits (c’est la période des vœux, après tout).

Nous espérons que le rapport vous inspirera, quel que soit votre propre rôle dans les systèmes de santé en Afrique. La Communauté de Pratique « Prestation des Services de Santé » consacrera l’essentiel de son énergie en 2014 à faire avancer cet agenda, tant au niveau national que régional. N’hésitez pas à contacter l’équipe de facilitation  si vous voyez des possibilités de collaboration. C’est tous ensemble que nous pouvons apporter le changement.

Merci pour votre soutien en 2013 et pour celui à venir en 2014.

2 Responses to Renouveler la stratégie du district sanitaire pour faire avancer la Couverture Sanitaire Universelle en Afrique

  1. ALFRED Jean Patrick says:

    En Haiti, le rapport a été partage avec les différents acteurs intervenant dans le système de sante.Je partage avec vous deux commentaires intéressant et encourageant
    ” Très intéressant et très en lien avec l’expérience de système local de santé déjà réalisée et à réaliser” commentaire d’une ONG Canadienne établi en Haiti
    ” Nous sommes tout à fait dans la note et si nous prenons très au sérieux ce que nous faisons, nous pourrons un jour voir la différence en terme de système de santé “.commentaire de la Ministre de sante d’Haiti.

  2. […] Renouveler la stratégie du district sanitaire pour faire avancer la Couverture Sanitaire Universell… […]

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